« L’instinct est cette façon toute naturelle, spontanée de réagir, que nous possédons en commun avec l’animal, et on doit reconnaître que dans certaines circonstances il est un bon guide. Quand les humains en étaient encore à un stade très primitif, proche des animaux, c’était même leur seul guide. Mais maintenant que, grâce au développement du cerveau, ils ont atteint un niveau beaucoup plus élevé, ils ont commencé à avoir d’autres guides: la raison, l’intelligence, et ils doivent les suivre. Ainsi, ce qui était bon dans le passé se révèle inadapté dans le présent.
Prenons l’exemple de la peur: pour les animaux, la peur est un très bon guide, indispensable même, c’est elle qui les sauve, c’est par elle qu’ils s’instruisent. Mais l’homme, lui, doit au contraire s’efforcer de vaincre la peur. Et le rôle de l’Initiation est de lui en donner les méthodes, jusqu’à ce qu’il apprenne à vaincre la peur de la mort. Comment? Par la connaissance et par l’amour. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov – Pensées quotidiennes 2007, 11 septembre
Nous avons toujours peur de ce que nous ne connaissons pas et que nous ne savons pas utiliser. La peur est un instinct très puissant chez les animaux – la peur du feu en particulier – : elle les rend conscients du danger et les pousse à se protéger. Tout comme les premiers hommes qui ne savaient pas ce qu’étaient les forces de la nature et qui tremblaient devant elles. Cet instinct, si nécessaire à la survie de l’espèce humaine, est donc un très bon guide, il nous demande de commencer par être craintifs, ensuite c’est lui qui nous sauve et nous instruit.
Nous sommes maintenant arrivés à un degré plus avancé de notre évolution technologique, nous travaillons dans les usines sur des machines complexes sans avoir peur puisque nous savons comment elles marchent et comment manipuler tel bouton ou telle vanne. L’élément nouveau qui a remplacé la peur et ses entraves, c’est l’intelligence, facteur de progrès. Au fil du temps, ce que la nature préconise et approuve à un certain moment, elle ne le préconise plus à un autre moment ; nous travaillons de toutes nos forces pour obtenir un résultat, mais ensuite nous devons travailler de toutes nos forces pour nous en débarrasser ! La sagesse est de savoir combien de temps garder nos peurs et quand nous en détacher.
Dans notre article précédent “Les deux natures de l’être humain“, il est question de ces deux natures que nous possédons tous : la personnalité – notre égo – et l’individualité – notre véritable Moi. C’est précisément la personnalité qui est dans la peur, jamais l’individualité. La personnalité a peur parce qu’elle se sent isolée, pauvre et vulnérable, elle s’identifie à ce qui est périssable, à l’illusion de la séparativité.
Il y a beaucoup de peurs que l’être humain n’a pas vaincues : peur de la maladie, de la mort, peur de manquer d’argent, peur de l’opinion publique, peur de l’avenir, peur de sa femme ou de son mari, peur de son patron, etc… Il y a même des peurs plus profondes, irrationnelles, qui provoquent des phobies débilitantes pour un événement qui s’est passé il y a longtemps et pour lequel nous gardons une forte aversion. De telles peurs sont souvent dues à des traumatismes, elles laissent des souvenirs et des traces qui nous empêchent d’accueillir de nouvelles expériences que la vie actuelle nous apporte. Car, avoir peur, c’est donner du pouvoir à ce dont on a peur, c’est lui préparer des conditions pour nous troubler et nous affaiblir.
Quels sont les moyens à notre disposition pour remporter la victoire sur la peur ? Il y en a essentiellement deux :
Projeter une lumière, c’est-à-dire affronter la situation avec les vérités nécessaires. Combien d’entre nous sont à la merci de leurs peurs, sans se rendre compte qu’elles leur sont inspirées par un manque de connaissance ? Tout comme nous allumerions une lampe dans une pièce obscure pour voir clair autour de nous, le véritable savoir est en mesure de nous donner la connaissance de la réalité des choses et de nous prévenir des dangers s’il y en a.
Second moyen : l’amour. Si le savoir peut être un remède pour maîtriser la peur, il n’est pas forcément le plus efficace ni le plus durable, parce que la peur est un instinct et que le savoir n’appartient pas au domaine des énergies instinctives. Or, ce n’est pas par la raison, le savoir ou les explications que nous pouvons vaincre et dominer un instinct, mais par une autre énergie de même puissance. Et d’une certaine façon, l’amour est aussi une énergie très puissante, puisqu’il est un élan incontrôlable. Le meilleur remède à la peur, c’est l’amour, c’est son antidote. Si nous aimons, la peur disparaît… Si quelqu’un touche notre cœur, nous oublierons nos peurs et nous nous jetterons dans le feu pour lui, symboliquement parlant.
Tous les dangers et les obstacles devant lesquels l’âme humaine peut être placée se résument en deux mots : obscurité, manque d’amour, et nous devons tout faire pour les vaincre. Il n’y a qu’une peur légitime et bienvenue que nous puissions tolérer en nous, c’est la crainte de troubler l’ordre divin. Les Initiés n’ont qu’une crainte : être une fausse note dans l’harmonie universelle.