Par-delà les images et les coutumes nées de la tradition populaire (les rois mages et leurs chameaux, leurs présents à l’enfant Jésus… puis la galette des rois), par-delà les traces anthropologiques de croyances antiques (les douze « dieux épiphanes », les saturnales…), la fête chrétienne de l’Épiphanie liée à la fête de la Nativité a un sens ésotérique que l’enseignement du Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov vient éclairer, comme on le voit ci-après.
Ce nom « epiphaïneia », du grec phaïno : briller et epi : sur, au-dessus, désigne une apparition du divin dans le monde visible, une manifestation lumineuse d’un ordre supérieur. Les principales traditions chrétiennes ont retenu des Évangiles trois épiphanies. Ce sont des épisodes de la vie de Jésus où il lui est conféré publiquement une primauté spirituelle : l’hommage des trois rois à l’enfant nouveau-né ; le baptême de Jésus dans l’eau du Jourdain, accompagné de manifestations surnaturelles ; le premier miracle qu’il accepte de faire aux noces de Cana.
Ce sont des moments où sa lumière intérieure reçoit une reconnaissance pour ainsi dire officielle de l’extérieur. Sa valeur est révélée, reconnue, glorifiée devant de nombreux témoins, par des êtres socialement ou spirituellement plus élevés que lui, du moins en apparence : les trois grands mages qui lui transmettent des pouvoirs en vue de sa mission ; le prophète Jean-Baptiste, dont la salutation est confirmée par la voix de Dieu et la descente de la Colombe ; la famille de Cana chez qui Jésus, à la demande de Marie, change l’eau en vin de fête. Chaque fois, ces commencements du ministère de Jésus reçoivent une impulsion de l’extérieur.
Car un véritable initié n’est jamais autoproclamé : son sacerdoce ou ses pouvoirs sont toujours validés, authentifiés par une haute autorité.
Que dire maintenant de cette autre apparente épiphanie qui a lieu le jour où, à Jérusalem, le peuple accueille Jésus avec des ovations et des hosannas ?… Il ne s’agit pas là d’une véritable intronisation par une instance supérieure : la faveur des foules, si intuitive soit-elle, se montre versatile ; et la compassion de Jésus pour les foules, si profonde soit-elle, ne peut pas trouver en elles une autorité spirituelle. Pour lui cet accès de popularité, avec hélas son revirement dès le lendemain, fait déjà partie des épreuves de sa Passion.
Ce que l’on retiendra de l’Épiphanie – au-delà du plaisir de manger une brioche et d’être élu roi d’un jour ! – c’est surtout l’exemple des trois mages : hauts dignitaires, savants, riches et puissants, ils sont assez sensibles pour entendre l’appel d’une étoile, et assez humbles pour venir s’incliner devant un petit enfant pauvre porteur d’une vraie lumière.
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