L’instinct de création est profondément enraciné dans tout être humain, de plus en plus on voit apparaître des poètes, des peintres, des sculpteurs, des chanteurs, des musiciens, des danseurs, etc. Alors naturellement, combien pensent avoir une vocation artistique ! Pour la plupart d’entre eux, l’acte de créer est souvent un penchant, un apprentissage, un besoin de s’exprimer, d’expérimenter, mais peu se demandent ce que cela leur apporte et surtout apporte aux autres.
Il arrive fréquemment que des réalisations artistiques aient pour origine un mal-être intérieur, des désordres, des troubles profonds pouvant toucher l’existence de gens remarquables. Il est vrai que chaque expérience, même douloureuse et difficile, est source d’enseignement et de croissance, l’artiste apprend au travers de ses propres créations. Mais quels sont les êtres qui arrivent de quelque façon à surmonter les difficultés qu’ils traversent ? Ne leur faut-il pas adopter une discipline de vie, avoir un idéal élevé, entreprendre un travail en profondeur ? Dans le cas contraire, les œuvres créées ne donneront rien d’extraordinaire, ce seront souvent des copies, des reproductions et non de véritables créations.
La véritable création commence par la connaissance des lois du monde spirituel ; elle nécessite de prendre des modèles dans le monde sublime. Être artiste, c’est tendre vers la perfection, la perfection du sens, la perfection des formes, des mouvements, des couleurs, des sons, afin d’ouvrir aux humains les portes du monde divin. C’est ne faire qu’un avec la lumière, un avec la beauté, un avec la puissance, un avec la vie universelle. Voilà les préceptes que nous donnent les Initiés.
Cependant, il ne faut pas oublier que toute création dans le domaine spirituel demande un certain retrait, c’est un travail solitaire où personne ne verra rien, pas même nous. Alors, devant cette absence apparente de résultat, nous sommes parfois assailli par le doute, et par moments nous serons tenté de tout abandonner pour faire, comme tout le monde, une activité dont le résultat est visible rapidement. Mais celui qui devient conscient de l’existence de son monde intérieur et qui s’applique à y travailler avec précision et clarté, en utilisant les plus belles couleurs et les plus belles formes, sent que son travail est là, en lui : il ne peut pas se décourager, il ne peut pas douter. Il est peintre, sculpteur, compositeur, il vit au milieu de ses créations.
Sur le chemin de l’évolution, l’amour de la beauté peut nous amener très loin, mais seulement l’amour pour la beauté spirituelle, la beauté divine qui est à la fois pureté, harmonie, intelligence. Car cet amour pour la beauté est une protection, c’est lui qui nous empêchera d’aller nous égarer dans la médiocrité, la bassesse, tout ce qui peut salir notre cœur, notre âme. La véritable beauté ne peut pas se décrire, elle n’appartient pas, par essence, au monde physique. C’est pourquoi on ne peut pas la saisir et encore moins la posséder, c’est la vie pure, la vie jaillissante. La vraie beauté, c’est lorsque nous regardons un diamant traversé par les rayons du soleil, nous sommes ébloui par ce scintillement, ces éclats de couleurs pures !
Ainsi, la vraie création fait appel à des éléments de nature spirituelle. Un jour nous comprendrons que seules nos créations intérieures sont vraiment réelles, car elles sont les seules à avoir des racines en nous. La prédestination de l’être humain ne s’arrête pas là – à devenir artiste, philosophe ou savant. La prédestination de l’être humain, c’est de développer des facultés bien supérieures encore qui le mettront en contact avec la présence en lui du Principe divin. Lorsqu’il parviendra à établir ce contact, le Principe divin pénétrera ses facultés physiques, psychiques et spirituelles, et il deviendra véritablement créateur.