“Connais-toi toi-même”

«Connais-toi toi-même…» ce précepte gravé au fronton du temple de Delphes n’est pas facile à interpréter. Qui est ce «toi-même» que nous avons à connaître ? Est-ce qu’il se limite à notre caractère, nos tendances, nos goûts, qualités et défauts ? Cette connaissance que nous avons de nous-mêmes, qui fait référence à notre vie courante, est nécessaire bien sûr, mais elle est limitée et insuffisante. D’autres besoins se manifestent en nous, plus profonds : que désirons-nous, que demandons-nous, que souhaitons-nous, de quoi souffrons-nous, pourquoi semble-t-il toujours nous manquer quelque chose ? Lorsque nous nous identifions à nos ressentis, nous croyons que ces besoins viennent du corps physique, alors nous lui procurons tout ce qu’il réclame : nourriture, vêtements, confort, plaisirs, etc… La confusion est là. Et pourtant, toutes ces satisfactions matérielles ne suffisent pas toujours à nous rendre ni plus heureux ni plus satisfaits. Se connaître véritablement, comprendre les besoins de notre être profond, demande que nous nous élevions en conscience dans un plan plus élevé : le Moi supérieur.

« Il a été dit : «Connais-toi toi-même.» Or la véritable connaissance de soi, c’est de se connaître en haut ”. Tant qu’on n’aura pas conscience d’être une parcelle de la Divinité, on ne se connaîtra pas et on ne sera jamais ni fort, ni libre, ni sage. Se connaître, c’est s’être trouvé soi-même et avoir trouvé Dieu. En trouvant Dieu, on trouve la liberté, le bonheur, la joie et non seulement en soi, mais dans les êtres humains, et aussi dans les animaux, les plantes, les pierres. Quand on a trouvé Dieu en soi-même, on Le découvre partout, dans tous les êtres, dans toute la nature, et c’est cela véritablement se connaître. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov Pensée Quotidienne 2022, 11/01

Dieu est en nous et en dehors de nous. Et il en est de même de notre Moi supérieur : il vit dans les régions sublimes et il vit aussi en nous. Comment pouvons-nous sentir la présence de cette entité divine qui est toute-lumière, tout-amour et toute-puissance ? C’est difficile, bien sûr, mais que d’exaltation à chercher en nous-mêmes toutes les traces de cette présence ! Tout d’abord il nous est recommandé d’apprendre à voir clair dans tout ce qui se passe en nous, de chercher à identifier nos désirs, nos sentiments, nos pensées et savoir d’où ils viennent : nous sont-ils inspirés par notre nature inférieure, instinctive, ou par notre nature supérieure, divine ? Chez la majorité d’entre nous, ce sont les empreintes du passé, les instincts héréditaires, les tendances primaires qui ressortent sans cesse, avec leurs manifestations et leurs besoins égoïstes et limités. Cependant il y a une “petite” voix, une voix intérieure qui nous parle doucement et sans insistance : elle nous dit une fois, deux fois, trois fois ce que nous avons à entendre, puis elle se tait. L’intuition n’insiste pas davantage. Cette voix de la sagesse, la voix de notre Moi supérieur, ne se fera entendre que si nous avons su apaiser nos désirs, nos convoitises et nos passions qui réclament à grand bruit. C’est dans le silence que nous accèderons à d’autres états de conscience pour être avertis, conseillés et guidés.

Dans la tradition hindoue, il est dit que le Veilleur éternel, le Moi supérieur, se trouve dans le centre subtil situé entre les deux sourcils, c’est là sa résidence. Il voit tout, enregistre tout, comprend tout, il est absolument impassible et immobile. Si nous arrivons à le rejoindre et à formuler des prières depuis ce centre-là, nous pourrons explorer les régions invisibles, prendre contact avec les réalités les plus merveilleuses.

Sous différentes formes, d’autres traditions spirituelles nous parlent de notre Moi supérieur et du symbole de la descente du Saint-Esprit en nous. Même s’il est dit que le Saint-Esprit « descend » en nous, il ne faut pas croire qu’il est une entité étrangère, extérieure à nous : c’est notre Moi supérieur qui se manifeste, cette quintessence limpide, pure et lumineuse déposée en nous par le Créateur. Recevoir le Saint-Esprit signifie que nous sommes parvenus à faire le lien, la fusion avec notre propre esprit, notre Moi supérieur. Le Saint-Esprit est un principe cosmique, une pure émanation de la Divinité, et notre Moi supérieur est de la même nature que lui, comme une goutte d’eau dans l’océan, comme une étincelle dans le feu. Il est fait de la même quintessence divine. Travailler pour nous fusionner avec notre Moi supérieur est le but de la connaissance de soi, et tant que cette fusion ne se produit pas, il reste séparé de nous. Il est parfait, omniscient, tout-puissant, une partie de Dieu Lui-même, mais il ne nous impose rien, il veille sur nous et attend que nous nous élevions intérieurement jusqu’à lui.

C’est seulement le jour où nous nous décidons à entrer en nous-mêmes pour nous connaître – réfléchir, méditer, renoncer à certaines faiblesses – que de nouvelles forces entrent en action, provoquant des transformations : la faiblesse disparaît, l’obscurité disparaît, les souffrances disparaissent. Ce phénomène est exactement comparable à la métamorphose de la chenille. La chenille s’enferme dans un cocon, et au bout de quelque temps il sort un papillon léger, libre, qui ne détruit plus les feuilles mais se nourrit du nectar des fleurs. Le papillon est un symbole de l’âme qui est sortie de toutes les limitations ; c’est le réveil d’un élément spirituel endormi dans les profondeurs de notre être et qui est maintenant prêt à s’épanouir. Notre moi limité et illusoire n’existe plus, seul demeure notre vrai moi, le Moi supérieur. Uniquement l’Amour peut nous guider jusqu’à lui.

« Consciemment ou inconsciemment, les hommes et les femmes, tous cherchent leur âme sœur. Ce qu’ils ne savent pas c’est qu’en réalité leur âme sœur n’est pas une entité différente d’eux, c’est l’autre pôle de leur être qui vit en haut, auprès de Dieu, dans la perfection et la plénitude. Dans toutes les Initiations on enseignait aux disciples comment retrouver cet autre pôle de leur être, qui est leur Moi supérieur. En Inde, le Jnani-yoga donne des méthodes grâce auxquelles le yogi parvient à s’unir à son Moi supérieur, car par cette union il s’unit à Dieu. En Grèce, on retrouve la même idée exprimée dans la formule inscrite au fronton du temple de Delphes : «Connais-toi toi-même». Mais il ne faut pas oublier qu’il y a une suite à cette phrase : «… et tu connaîtras l’univers et les dieux
Omraam Mikhaël Aïvanhov Pensées Quotidiennes 2015, 28/03

Le sens des Initiations, c’est d’apprendre à nous détacher de notre nature inférieure pour pouvoir vibrer à l’unisson avec notre véritable Moi. La fusion avec le Moi supérieur, c’est la fusion avec Dieu. Se retrouver, se connaître, c’est se fondre dans la Divinité, car cette étincelle, cet esprit qui est en nous n’est jamais séparé de Dieu. En se cherchant, en se trouvant, on atteint la conscience suprême de vivre et de respirer en Dieu.